Alors qu’elle effectuait son service militaire dans des bureaux d’Etat-major, en 2008, la jeune Anat Kam avait fait les copies de plusieurs centaines de documents, et les avait donnés au reporter du Haaretz Uri Blau.
Ce dernier avait ensuite exploité une partie d’entre eux, en particulier des pièces apportant la preuve qu’en dépit de décisions de la Cour Suprême israélienne, l’armée continuait sans vergogne la pratique d’assassinats ciblés de Palestiniens en Cisjordanie.
Blau reçut peu après des menaces de mort de la part des services secrets, et se réfugia à l’étranger, à Londres. Son statut de journaliste devait cependant lui permettre ultérieurement de rentrer au pays, sans être inquiété judiciairement.
Quant à la jeune femme, qui n’avait tenté aucune mesure de camouflage de son acte courageux, elle fut immédiatement découverte, et reconnut les faits.
Après plus de deux années d’assignation à résidence, son procès vient de se terminer dimanche.
Le procureur lui avait mis un « marché » en main, selon la procédure du « plaider coupable ».
Soit Anat persistait dans ses déclarations primitives, où elle revendiquait le caractère politique de sa démarche, et elle était alors assurée de prendre 15 ans ferme pour atteinte à la sécurité de l’Etat.
Soit elle plaidait coupable, déclarait qu’elle avait agi « par pure idiotie », et sa peine serait réduite.
Anat Kam a opté pour le « plaider coupable », et la condamnation lui a été signifiée dimanche matin. Les deux années d’assignation à résidence qu’elle vient de subir ne sont pas décomptées du total, et il lui restera 18 mois de mise à l’épreuve à sa sortie de prison.
L’armée « la plus morale du monde » compte au moins un membre méritant effectivement ce qualificatif : il s’appelle Anat Kam.
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