dimanche 10 décembre 2017

Jérusalem: La nouvelle donne

Interview à AlgérieActu 9/12/2017



1- Tout d'abord, le Proche-Orient s'embrase de nouveau, suite à la décision du président Trump de reconnaître Al Qods comme capitale de l'entité sioniste, qu'en dites-vous?

Je ne crois pas à un embrasement généralisé et durable, malgré les frustrations énormes de la population palestinienne et son désespoir. La raison principale en est que l’Autorité palestinienne fera tout pour l’empêcher. Cette Autorité depuis Oslo joue le pacifisme et l’application du droit international. C’est son tort et sa naïveté qui confine à la stupidité. Elle aurait dû comprendre depuis longtemps que les sionistes ne permettront jamais un Etat palestinien indépendant et viable.

2- Beaucoup d'observateurs s'accordent à dire, que Trump s'est plié au diktat de l'AIPAC et du lobby sioniste aux Etats Unis?

Il est difficile de faire la part des pressions. Je rappelle que le candidat Trump suscitait une grande méfiance du lobby sioniste. D’autres présidents pro-israéliens n’avaient pas osé aller jusque-là. Est-ce pour satisfaire son électorat évangéliste en vue des prochaines élections ? Est-ce un marchandage avec l’Etat profond pour qu’on lui lâche les baskets ? Disons que Trump ne réagit pas de manière rationnelle selon les considérations diplomatiques classiques. 

3- Le Mainstream en France s'est fait remarquer par des positions réservées pour ne pas décevoir le CRIF et les Sayanim, qu'en pensez-vous?

Bien sûr, l’establishment français n’aurait pas osé froisser l’allié sioniste défendu par le CRIF. D’autant plus que ce dernier presse le président français d’imiter Trump. Signalons déjà une importante victoire du lobby sioniste en France : l’assimilation de l’antisionisme (interprété par les autorités françaises dont on connaît la soumission) à l’antisémitisme, donc condamnable par la loi. Sans aller jusqu’à reconnaître Jérusalem, le gouvernement français laissera filer jusqu’au dégonflement de l’affaire.

4 - La semaine dernière, Emmanuel Macron était en visite à Alger, une visite de quelques heures qui n'a rien apporté sur le plan de la mémoire et de l'histoire entre les deux pays, à l'inverse de ses déclarations de candidats?

En tant que candidat, Macron a voulu avec ses déclarations sur les crimes coloniaux faire un coup « à gauche » et vers les Français musulmans, déçus par François Hollande. Une fois président, il poursuit d’autres objectifs plus « étatiques », collant au plus près aux intérêts de la France. Disons qu’il a remis les pendules à l’heure en forçant sur un franc-parler qui le distingue de prédécesseurs plus circonspects. 

5 - Jacob Cohen au même titre que certains intellectuels en France, fait l'objet d'une cabale médiatique et judiciaire à cause de ses positions, ou en sont les choses?

Soral et Dieudonné sont harcelés et condamnés pour un mot de travers. Le pianiste Stéphane Blet vient d’en faire l’amère expérience. 5000 euros d’amende pour avoir utilisé le mot « rat » (spécifique au vocabulaire nazi paraît-il). Bref, le système poursuit sans relâche toute « atteinte » aux intérêts du Lobby sioniste. Moi je bénéficie d’une mansuétude totale car le système ne veut pas faire d’un « juif antisioniste » un martyre ni qu’il acquiert une petite célébrité.

jeudi 23 novembre 2017

Interview de Jacob Cohen à Algérie Patriotique



Algeriepatriotique : Quinze personnes sont décédées et d’autres blessées dans une distribution d’aide alimentaire à Essaouira. Ce tragique incident contredit l’image flamboyante d’un Maroc prospère que tentent de renvoyer les médias marocains. Quelle est la situation sociale réellement au Maroc ?
Jacob Cohen : Depuis Hassan II, le Maroc a bénéficié d’une grande mansuétude de la classe politique et des médias français, qui chantent les louanges d’un régime tolérant qui avance vers la démocratie, grâce à un lobbying fait de cadeaux et de pressions. Résidences de luxe, cadeaux prestigieux. On a ainsi créé la légende du «roi des pauvres». Mohammed VI contrôle tous les rouages de l’économie marocaine avec les bénéfices qui en découlent. Il y a eu, certes, l’apparition d’une classe moyenne dans les villes, mais l’écart entre les riches et les pauvres n’a jamais été aussi profond. Plus de la moitié de la population vit misérablement. L’éducation, la justice et la santé sont dans un état lamentable. Certaines scènes dans les zones déshéritées sont dignes du servage. On assiste aussi à l’accaparement de milliers d’hectares par les puissants du régime, contraignant des hordes de campagnards à l’exode. Cette réalité est dissimulée derrière des festivités de toutes sortes et d’un nationalisme outrancier au bénéfice de la monarchie.
Algeriepatriotique Ce triste événement a eu lieu alors que les Rifains ne décolèrent pas. Pensez-vous que ces deux faits pourraient faire tache d’huile et provoquer un soulèvement généralisé au Maroc ?
Jacob Cohen : Je ne le crois pas. Le régime bénéficie d’un soutien international inconditionnel. Le pays est quadrillé par des milliers d’agents de l’Intérieur et par des imams à la solde du régime. Le soulèvement du Rif reste cantonné à la région et la monarchie joue habilement sur son aspect «sécessionniste». L’événement d’Essaouira est déjà récupéré par le limogeage d’un colonel de gendarmerie, sans vraiment s’interroger sur les causes scandaleuses qui l’ont provoqué. Les grands médias, les patrons, les partis politiques, la moyenne bourgeoisie ont intérêt à maintenir cette stabilité. Et en dernier recours, il reste la répression.
Algeriepatriotique D’aucuns affirment que les citoyens marocains ignorent tout des richesses qui leur reviennent de droit et qui sont spoliées par la famille alaouite. Comment cela est-il possible ? La peur ? L’analphabétisme ? La soumission ? Les croyances ?
Jacob Cohen : Aujourd’hui, la télévision et l’internet rentrent presque partout au Maroc. Il est difficile d’imaginer que les citoyens marocains ignorent l’accaparement des richesses. Il suffit de regarder les voitures de luxe et les lieux de divertissement dignes de Miami. J’ai entendu des gens simples le mentionner. Une expression populaire fait du Maroc «la ferme du roi». Mais comment réagir ? La majorité des Marocains sont pris dans l’engrenage infernal de s’en sortir, de se saigner pour éduquer leurs enfants, ou pour se soigner, ou pour éviter de tomber dans les mailles arbitraires de la police et de la justice. On a peur pour le peu qu’on possède. On connaît la férocité des répressions. Et puis, il y a le matraquage omniprésent sur le roi, la servilité des courtisans qui se courbent jusqu’à terre pour lui baiser la main. Une machinerie incroyable. Et un appareil sécuritaire tentaculaire prêt à sévir.
Algeriepatriotique Des migrants marocains sont réduits à l’esclavage en Libye et attendent depuis des mois une intervention de leur gouvernement qui fait la sourde oreille. Pourquoi le Makhzen ne réagit-il pas, selon vous ?
Jacob Cohen : Le Makhzen a d’autres priorités que de s’occuper de citoyens misérables et paumés. Un tel régime a pour axiome, entre autres, le mépris du petit peuple. L’obsession des responsables se résume à : comment s’enrichir un peu plus, comment étendre son influence, comment attirer l’attention du palais et devancer ses desiderata ? Alors, des migrants marocains…
Algeriepatriotique Le Maroc mène un lobbying intense pour infiltrer l’UA et la Cédéao et placer ses pions à l’Unesco et à l’IMA avec le soutien actif de la France. Que cherche Rabat à travers ce positionnement diplomatique ?
Jacob Cohen : Depuis 1975 et la «marche verte» envahissant «pacifiquement» le Sahara Occidental, la diplomatie marocaine est paralysée par ce problème insoluble. Impossible de vaincre par les urnes ou les armes. Un recul menacerait le régime. Sans compter que c’est un levier que l’Occident utilise pour obtenir la docilité du pays. La nouvelle diplomatie marocaine tente de sortir de ce piège, allant jusqu’à chercher une neutralité bienveillante avec Moscou ou se présentant comme le champion d’un islam modéré en formant des centaines d’imams «compatibles» pour l’Afrique et l’Europe. C’est une diplomatie dynamique et intéressante, mais insuffisante pour lui fournir la sortie politique souhaitée.
Algeriepatriotique De nombreux analystes mettent en garde contre la montée de l’extrémisme religieux au Maroc. A quoi est due cette exacerbation du fanatisme dans ce pays connu pour son islam modéré et tolérant ?
Jacob Cohen : La montée du religieux au Maroc a commencé avec Hassan II qui avait ainsi pensé éliminer les contestataires de gauche. L’éducation a été purgée des thèmes qui auraient pu pousser à la réflexion politique ou philosophique. L’arabisation a fait sortir tout un pan de la culture occidentale du bagage intellectuel des jeunes. La corruption et la gabegie ont poussé la jeunesse à se tourner vers des solutions de morale et de justice. Les événements internationaux ont renforcé cette tendance. Il y a certainement aussi un sentiment grandissant de frustration de ne pas pouvoir accéder à cette société de consommation libérale qui éclate de partout. Je n’écarte pas l’hypothèse d’un désir populaire profond de récupérer une authenticité et une dignité nationales.
Algeriepatriotique Y a-t-il une menace d’implosion au Maroc qui serait provoquée par les trois éléments déclencheurs que sont l’intégrisme, la misère et la poussée indépendantiste ?
Jacob Cohen : Je ne crois pas à une menace d’implosion, sauf si le gendarme du monde décide de le faire avec un «Daech» local, mais je ne vois pas pourquoi il le ferait. Sur l’intégrisme, le roi a finement joué pour le vider de son potentiel révolutionnaire. En domestiquant le PJD (parti «islamiste») et en en faisant un rouage du système monarchique, le roi a canalisé le gros des revendications islamistes. Il reste le grand groupe «Al Adl wa Lihsan» militant et structuré, mais il est étroitement surveillé, infiltré et harcelé, et il ne veut pas se lancer dans la politique. Sur le plan religieux, le roi reste la grande figure du «commandeur des croyants» dont les médias et les imams relaient le message. La misère a déjà donné lieu à des soulèvements populaires noyés dans le sang. Quant à la poussée indépendantiste, elle reste marginale, excentrée et sans relais réels dans le pays lorsqu’elle se revendique comme telle.

21 novembre 2017


lundi 12 juin 2017

La Justice "française" au service du Lobby

La Justice "française" n'a pas d'états d'âme. Elle obéit à la loi du plus fort.
En 40-42 elle a chassé avec zèle les juifs du barreau et de la magistrature.
Depuis le lobby judéo-sioniste est devenu tout-puissant. Et la Justice "française" s'est accommodée de son nouveau maître.
Le Lobby fait la loi en France. Lors du dîner du CRIF il fait la leçon à la classe politique et donne ses instructions au gouvernement.
Le Lobby a décidé que la Quenelle était illégale, parce qu'elle est la création de Dieudonné. Le Lobby n'a pas besoin d'un texte juridique à cette fin. Sa décision a valeur de loi.
Ainsi l'ancien commissaire et président du BNVCA, Sammy Ghozlan, a donné instruction au Parquet "français" de me poursuivre pour une quenelle. Le Parquet s'exécute avec une célérité qui aurait comblé nombre de justiciables pris dans les rets de la justice.
Message au Lobby. Lorsque le vent tournera, la justice "française" vous fera payer cher sa soumission et son humiliation actuelles.
Jacob Cohen

samedi 4 février 2017

Neuvieme Direct Facebook Jacob mp4

Septième Direct Facebook Jacob mp4

Sixième vidéo Direct Jacob mp4

Cinquième vidéo direct Jacob mp4

Quatrième Video Direct Jacob mp4

Troisieme video Jacob Cohen mp4

Deuxième video Jacob Cohen

Premier Direct Facebook Jacob Cohen

Huitième direct de Jacob Cohen


dimanche 8 janvier 2017

LE PRINTEMPS DES SAYANIM. INTERVIEW.



Jacob COHEN, LE PRINTEMPS DES SAYANIM, éditions l’HARMATTAN

Interview se l’auteur.

Pourquoi ce titre ?
J’ai voulu que le terme « sayanim » apparaisse d’emblée et interpelle le lecteur. On se pose la question, et la définition se trouve juste dans les premières lignes de la 4e. La problématique est installée, sans faux-fuyants, et sans réserve. Idéalement, j’aimerais que ce terme entre dans le vocabulaire courant, dans les analyses, et dans les commentaires.

Voulez-vous nous la rappeler ?
Les sayanim – informateurs en hébreu – sont des juifs de la diaspora qui, par « patriotisme », acceptent de collaborer ponctuellement avec le Mossad, ou autres institutions sionistes, leur apportant l’aide nécessaire dans le domaine de leur compétence.

Comment avez-vous eu l’idée d’écrire sur les sayanim ?
C’est la conjugaison de plusieurs éléments. La lecture de tout livre sérieux sur le Mossad montre l’importance essentielle de ces citoyens juifs qui décident de travailler pour les services secrets israéliens. Imaginez des dizaines de milliers d’agents, occupant des fonctions dans toutes les couches sociales, et qui obéissent au doigt et à l’œil au Mossad. Il est à noter que les auteurs anglo-saxons sont beaucoup plus prolifiques sur ce sujet.
Je suis d’assez près l’actualité proche-orientale, et je consulte les médias des 2 bords. Et je suis sidéré, presque fasciné, par la puissance médiatique du lobby pro-israélien. Et comment il arrive à faire rentrer dans les esprits, jusqu’à devenir des banalités admises, des concepts comme « la seule démocratie de la région », ou tellement aberrants, comme « assurer la sécurité d’Israël ».
Le fait de savoir que des sayanim sont en grande partie le moteur de cette propagande permet une lecture plus lucide et plus pertinente de l’actualité.

Est-ce une réalité ?
Je comprends le sens de la question. Je cite Gordon Thomas au début du livre. C’est un spécialiste reconnu des services secrets, en particulier du Mossad. Tellement reconnu qu’il a interviewé tous les chefs du Mossad depuis les années 60, et tous ont admis, en s’en glorifiant, l’apport crucial des sayanim à travers le monde.
Je cite également Victor Ostrovsky, l’un des rares agents du Mossad à avoir publié, après son départ de l’institution, un témoignage unique et inédit sur le service secret, ses méthodes, ses objectifs, ses ressources.

Quel est leur nombre ?
En France ils seraient près de 3000. Ostrovski, ex-agent du Mossad, estime leur nombre à 3000 rien qu’à Londres. On peut imaginer leur importance aux Etats-Unis. Mais le « réservoir » est infini. Si on associe le Bnai Brit (franc-maçonnerie juive internationale), la WIZO (organisation internationale des femmes sionistes), les organisations judéo-sionistes nationales, comme l’UPJF, l’UEJF, le CRIF… en France, et dans les autres pays, ainsi que les sympathisants, on arrive facilement au chiffre de un million de juifs prêts à travailler pour le Mossad. Evidemment ils ne sont pas tous recrutés à cette tâche. Car il faudrait des centaines d’agents pour les traiter. Le Mossad se contente d’en avoir dans tous les secteurs d’activité, avec un accent particulier sur les plus sensibles : les médias, les grands hôtels et les agences de voyage (pour surveiller les allées et venues des Arabes en général, des agents de renseignement, des hommes d’affaire, enfin de toute personne susceptible d’atteindre les intérêts israéliens), les secteurs économiques et commerciaux, en particulier les sociétés d’importation qui leur servent souvent de couverture.

Un cas concret pour en comprendre le mécanisme?
Pour revenir à Victor Ostrovsky. Lorsque la France a construit une centrale nucléaire en Irak dans les années 70, des scientifiques irakiens étaient venus à Saclay pour se perfectionner. Le Mossad était bien sûr intéressé à les connaître pour pouvoir agir sur eux. N’importe quel autre service secret aurait eu besoin de moyens en hommes, de filature, d’argent pour corrompre, peut-être de tentatives d’effraction, et de temps, pour y arriver éventuellement. Le Mossad, et c’est sa supériorité, s’est tout simplement adressé à un informateur juif (sayan) qui travaillait à Saclay. Et a demandé que lui fussent fournis les dossiers complets originaux. Car il se méfiait des photocopies. La majorité des renseignements étant en arabe, c’est lui-même qui s’est acquitté de cette tâche. Quel autre service de renseignements peut bénéficier de telles complicités ? Après, ce fut un jeu d’enfant pour piéger l’un de ces scientifiques, remonter jusqu’à leur responsable, et l’assassiner lors de sa visite à Paris.

Ces agents juifs n’interviennent-ils que dans des cas d’espionnage ?
Pas du tout. Les sayanim interviennent aussi et surtout dans les manipulations médiatiques. D’ailleurs le Mossad possède un département important, appelé le LAP, pour « guerre de propagande ». Il me revient un exemple historique. Rappelez-vous le film EXODUS. Il a réécrit l’histoire de 1948 et imposé la vision sioniste pour au moins une génération. En 1961, c’est le premier ministre israélien en personne qui a accueilli l’équipe du film à l’aéroport. C’est dire l’importance qu’on lui accordait.
Rappelons l’importance du Bnai Brit. 500 000 membres dans le monde, probablement 400 000 aux Etats-Unis, dont 6 000 dans le secteur du cinéma. Comment imaginer qu’un film ou qu’une série défavorable à Israël puisse voir le jour ?

Et plus récemment ?
Le cas le plus flagrant est celui du soldat israélien enlevé par le Hamas. Le réseau des sayanim à travers le monde a fait en sorte que son nom soit tellement matraqué que personne ou presque n’ignore son nom. Par ailleurs, son père a été reçu à plusieurs reprises par tous les dirigeants occidentaux, par Sarkozy, Merkel, Blair, Berluscuni, Zapatero, Barroso, par le secrétaire général de l’ONU, par le parlement européen, par l’assemblée de l’UNESCO, enfin le gratin mondial. Comment est-ce possible sans l’intervention de sayanim bien placés dans les instances gouvernementales, économiques, culturelles, médiatiques ? Je rappelle qu’il s’agit d’un caporal d’une armée d’occupation. Quel autre prisonnier peut bénéficier d’une telle sollicitude internationale ? Et avoir son portrait géant sur l’édifice de la Mairie du 16e arrondissement ? Des hommes politiques français, dont Sarkozy et Kouchner, ont exigé sa libération pour raisons humanitaires. Sans dire un mot des milliers de prisonniers palestiniens.

Dans quel but ?
Il s’agit de faire pénétrer dans l’opinion internationale qu’Israël a un « otage » (un seul !) aux mains du Hamas. Cela fait oublier les 11 000 prisonniers palestiniens détenus dans les geôles israéliennes. L’écrasante majorité d’entre eux sont des prisonniers politiques, c’est-à-dire condamnés pour leur lutte pacifique pour l’indépendance. Rappelons qu’Israël est le seul pays « démocratique » au monde qui applique la détention administrative : pouvoir emprisonner n’importe quel citoyen, même étranger, sans avocat, sans jugement, sans motif, sans limitation dans le temps.
Et c’est sur cette base que les forces d’occupation ont kidnappé, juste après l’enlèvement du soldat, 45 personnalités politiques du Hamas, en majorité des élus du peuple. Sans qu’elles n’aient rien à leur reprocher. Cela s’appelle des « représailles collectives » condamnées par le droit international, et rappelle le comportement de l’occupant nazi en France.
Ainsi, pendant que les médias nous matraquent avec le soldat « otage », on oublie le plus important, et le plus horrible.
Une expérience personnelle : Le 26 juin, le journal du matin de TV5 avait encore fait un reportage sur le drame de ce soldat « otage ». J’ai écrit en rappelant que l’honnêteté journalistique aurait exigé de mentionner les prisonniers soumis à la détention administrative et le kidnapping des 45 élus du Hamas. Aucune réponse, aucun correctif.

Comment se fait-il qu’on ne parle pas beaucoup des sayanim ?
Cela reste un mystère. Comment des journalistes aguerris ont pu disserter sur Israël sans mettre sur le doigt sur cet aspect capital ! Je mets cela sur la puissance des sayanim qui ont réussi l’exploit de ne pas faire parler d’eux. Il ne faut pas oublier que la chape qui écrasait les médias pour diffuser la pensée unique favorable à Israël n’a commencé à se fissurer que depuis quelques années.

Pourquoi des citoyens juifs français par exemple deviennent des sayanim ?
Vous savez, l’idéologie sioniste, jusqu’en 1948, était loin d’être majoritaire dans les communautés juives. Je me souviens qu’au Maroc, dans les années 50, les rabbins vilipendaient les sionistes. Et puis la création d’Israël, la propagande, la hantise d’un nouveau génocide, ont fait en sorte que les institutions juives ont basculé dans un appui inconditionnel à l’Etat juif. Aujourd’hui en France il n’est pas admissible d’exprimer la moindre réserve dans le cadre des institutions juives. La propagande est telle que les citoyens juifs qui vivent dans le cadre de ces institutions développent un second patriotisme et un nationalisme hors du commun. Au besoin, comme illustré dans le roman (l’épisode du cardiologue), le Mossad fera appel au chantage patriotique pour amener un citoyen français à trahir son serment de médecin pour satisfaire les visées du Mossad.

Vous donnez une grande importance à la franc-maçonnerie dans votre livre. Pourquoi ?
La franc-maçonnerie me paraît une illustration parfaite du travail d’infiltration et de propagande mené par les sayanim. D’abord pour montrer qu’aucun domaine ne leur échappe. Il n’y a pas de « petits profits ». Là où on peut pousser à la défense d’Israël, on le fait sans états d’âme. Par ailleurs, cela montre que les juifs sionistes ne reculent devant rien. Car peu de gens ignorent – même si on n’est pas familier avec la franc-maçonnerie – que celle-ci est d’abord laïque, ouverte à tous sans distinction de race, de religion, ou d’orientation politique. Et voilà que des franc-maçons juifs et sionistes créent en 2002 une loge spécifiquement juive, et sioniste pour défendre Israël. Je l’ai vécu personnellement, car j’ai été franc-maçon pendant près de 17 ans. Cela s’est passé en 2002, au plus fort de la seconde intifada. Cela n’était pas dit expressément, car c’est contraire à l’éthique maçonnique, mais dans les faits cela revenait au même. Ne devinant pas de quel bord j’étais, ces frères m’ont mis au parfum  sans ambages. Et à mon avis c’était couvert par les instances supérieures. Tout ce qui se disait dans la loge était favorable à Israël (voir le 1er chapitre et la conférence tendant à faire un parallèle entre les réfugiés palestiniens et les juifs partis des pays arabes, souvent à l’instigation du Mossad). Et chaque année, la loge organise un « voyage d’information » en Israël, encadré par des fonctionnaires du ministère israélien des Affaires étrangères.
Un de mes personnages principaux, Youssef El Kouhen, va subir les foudres des sayanim franc-maçons. Fils d’immigrés maghrébins, il pense faire un pas décisif dans son intégration républicaine en étant admis au sein du Grand Orient. Mais ayant découvert l’existence de cette loge « judéo-sioniste », il va tenter, avec d’autres frères arabes de contrer leur propagande en créant une loge pro-palestinienne. Mais là il va se heurter à la puissance du lobby sioniste implanté au Grand Orient de France et subira une défaite cinglante. Ce lobby va agir au mépris de toutes les lois de l’Obédience.

En parcourant le livre, on s’aperçoit que certains personnages ressemblent étrangement à des personnes connues, surtout pour leurs sympathies sionistes.
Parmi les 3 000 sayanim français, certains sont connus. Pas en tant que sayanim. Par définition, ce sont des agents secret. Mais étant donné leur soutien constant à Israël et leur participation active à des campagnes savamment orchestrées, il est probable qu’ils agissent dans ce cadre. J’ai voulu les montrer en action, par exemple pour recruter un nouvel agent, ou pour monter en épingle une rencontre sportive israélo-palestinienne à Paris, sans autre finalité que de donner l’illusion d’un processus de paix.

Et plus explicitement ?
Il y a plusieurs années, un match de football a eu lieu au Parc des Princes entre des jeunes israéliens et palestiniens. Ce qui avait donné lieu à un battage publicitaire démesuré. J’ai repris cet événement en tentant d’imaginer les coulisses, les pressions, les manipulations, les interventions. Pour obtenir gratuitement le stade, pour le remplir avec des jeunes de banlieue en faisant intervenir le rectorat, en sollicitant des subventions de l’Union européenne et de la Mairie de Paris, en faisant pression sur les dirigeants musulmans « modérés » pour qu’ils apportent leur caution. Une opération de propagande rondement menée grâce aux sayanim, et leurs alliés, dont les plus indéfectibles : SOS Racisme et la Mairie de Paris.

On retrouve souvent SOS Racisme. Pourquoi ?
Pour moi, cette organisation sert de courroie de transmission aux idéologies sionistes. Sa proximité incestueuse avec l’UEJF, un des piliers du soutien à Israël, en est une illustration. Jamais SOS Racisme n’a lancé par exemple une campagne contre l’occupation israélienne, alors qu’elle se démène contre le Soudan. En occupant le terrain, grâce à des subventions généreuses, SOS Racisme empêche l’émergence d’autres organisations anti-racistes plus proches des exigences de la majorité de ses membres. On entend d’ailleurs plusieurs voix, dont celle de Joey Star, réclamer une autre organisation anti-raciste, issue des quartiers, et les représentant légitimement.
Dans le roman, je développe un point de vue qui ne doit pas être loin de la réalité. C’est-à-dire la dépendance de SOS Racisme vis-à-vis de l’UEJF et de ses alliés. Lorsque ces derniers par exemple cherchent un successeur au président actuel, un noir qui finit son mandat. Ils cherchent un beur présentable, qui a bien assimilé les rapports de force et les consignes. Celui qui est approché subira des « tests » pour montrer sa fidélité aux idéaux sionistes (qu’on appelle pudiquement des « positions modérées et pacifistes). En l’occurence Moulay Elbali, doctorant d’origine banlieusarde, qui veut sortir de sa condition à n’importe quel prix. Un détail : Lorsqu’un président de l’UEJF quitte ses fonctions, il devient vice-président de SOS Racisme. Pour mieux les contrôler ?

Tout un chapitre est consacré à la Mairie du 16e arrondissement. Pour quelle raison ?
Cette Mairie est un des châteaux forts des sionistes. Le Bnai Brit (franc-maçonnerie juive internationale) s’y réunit régulièrement et y organise son salon du livre. Son maire est un ardent défenseur d’Israël. Dans sa croisade pour l’Etat juif, il n’hésite pas à utiliser les symboles coloniaux (défense de la civilisation judéo-chrétienne, avant-poste de la démocratie) à l’instar de l’ancien premier ministre espagnol qui avait déclaré récemment : « Il faut défendre Israël à tout prix, car s’il tombe, l’Europe aussi tombera ». D’ailleurs un portrait géant du soldat israélien enlevé par le Hamas orne la façade de la Mairie.

Il y a ce personnage, MST, qui traverse tout le roman, et qui ressemble furieusement à BHL…
Je vous laisse la responsabilité de ce constat. Il est vrai qu’il y quelques ressemblances, mais en principe ce n’est pas lui. Ceci dit, il ne me déplait pas que certains fassent ce rapprochement. Michel-Samuel Taïeb est effectivement un personnage central, correspondant à son rôle flamboyant, à ses nombreux réseaux, à son implication sans réserve en faveur d’Israël, à l’acharnement avec lequel il recrute d’autres sayanim. C’est lui qui va recruter le cardiologue, qui va intervenir à l’Elysée pour donner l’ordre aux rectorats de remplir le stade de jeunes beurs, qui va appeler un responsable d’émission à Canal Plus pour humilier en direct des militantes de SOS Palestine, qui va faire pression sur le recteur de la Mosquée de Paris pour soutenir ce prétendu « match pour la paix », etc. Le chef du Mossad à l’ambassade d’Israël à Paris de lui : « Il vaut plus que 100 sayanim ».

On a l’impression que vous vous êtes pas mal amusé avec les noms des sayanim.
Je n’ai pas pu m’en empêcher. Le fait de trouver ces noms, que d’aucuns pourraient rapprocher de personnages réels, me remplissait de joie (sarcastique) à chaque fois. Delanoix, Fauderch, Idler, MST, Goldnavet, Vil-Neuf, j’en passe et des meilleurs. Il est vrai que mes sympathies vont là où vous savez. Je n’avais aucune raison de les épargner.

Est-ce à dire que c’est un roman politique ?
Si on entend par là qu’il prend position de façon claire et nette, tout en dénonçant les pratiques de chantages et de manipulations au profit d’une politique impérialiste, alors oui, c’est un roman politique. D’ailleurs il est dédié « à tous ceux qui se battent pour la justice en Palestine ».  La forme romanesque n’est qu’une méthode pour y arriver. Bien qu’une grande partie du livre se base sur des faits réels, ou exprime une réalité telle qu’elle pourrait se dérouler. Lorsque MST appelle Canal Plus, je n’étais pas à l’écoute, mais la façon dont la plupart des grands médias lui déroulent le tapis rouge me fait penser que c’est sa manière d’agir. Et d’être obéi.

Est-ce qu’on vous mettra des bâtons des les roues ?
Certainement. Les sayanim et leurs complices, et ils sont nombreux et occupent des postes stratégiques, feront tout pour élever un mur de silence. Ou bien ce sera le déni. Ou enfin le recours à ces vieilles méthodes de l’amalgame. Une critique d’Israël équivaut à de l’antisémitisme. Parler des sayanim, c’est revenir à cette accusation de « complot » que certains antisémites au tournant du 20e siècle lançaient aux juifs pour les discréditer. Le discours du déni, et d’un certain terrorisme intellectuel, est bien rodé.

Que peut-on vous souhaiter ?
J’espère d’abord que ce livre ouvrira les yeux sur cette force puissante et insidieuse mise au service d’une idéologie de domination. Qu’il permette ensuite un décryptage plus pointu des événements. Et enfin qu’il favorise l’émergence de contre-pouvoirs.