mardi 7 juillet 2020

ANNEXION EN PALESTINE : UN « SUSPENSE » INSOUTENABLE


ANNEXION EN PALESTINE : UN « SUSPENSE » INSOUTENABLE
Le régime sioniste a infligé à la communauté internationale un « suspense » qui l’a maintenue, et la maintient encore, dans un état de folle incertitude. Allait-il appuyer sur le bouton de l’annexion de pans entiers de ce qui reste de la Palestine ? Le monde entier attendait avec appréhension, ce 1er juillet, le geste fatal d’un État voyou qui fait la nique à toutes les lois internationales et contre qui il se sent totalement impuissant.
Pour mémoire, la Russie, deuxième puissance mondiale, membre permanent du Conseil de Sécurité, détentrice d’un droit de véto, s’est vu infliger des sanctions économiques réelles pour avoir récupéré une région incontestablement russe après un référendum favorable écrasant.
Netanyahou a daigné reporter sa décision sans commentaire ni explication. Ce ne sont pas les appels à la « modération » ou au « respect du droit international » qui l’ont fait hésiter.
Il y a d’une part le feu vert américain qui tarde. Le président Trump est quelque part piégé. Son « deal du siècle » offrait bien à l’État sioniste les territoires promis à l’annexion, mais en contrepartie d’un État de Palestine, avec toutes les restrictions que l’on devine. Le banthoustan palestinien (morcelé, réduit et encerclé) aura le titre d’un « État », dont les frontières, l’espace aérien, les ressources hydrauliques et le commerce international seront sous le contrôle de son voisin et maître.
Netanyahou rencontre d’autre part l’opposition farouche de la plupart des colons de Cisjordanie, qui refusent toute idée d’un « État de Palestine ». En dehors de la symbolique qui les fait flipper, ils n’admettent pas que des colons juifs dans des colonies isolées ainsi que des sites cités dans la bible – document fondamental attestant de leur présence millénaire – se retrouvent sous une souveraineté palestinienne.
Les grandes voix habituelles qui comptent dans le monde, dans une espèce de valse des hypocrites, se sont émues de ce projet d’annexion, qui serait contraire aux principes fondamentaux du droit international, et patati et patata. Comme si le régime sioniste en était à sa première violation. Il a tout violé depuis 1948. La liste en serait fastidieuse et écœurante. Mais il faut bien faire semblant.
D’ailleurs les pays européens – Ah ! cette Europe qui détruit la Libye, sanctionne la Russie, fait les gros yeux aux dirigeants populistes et se soumet à l’unilatéralisme juridique de l’allié américain ! – ont laissé entendre qu’aucune sanction ne sera envisagée contre le régime sioniste. Une Europe incapable d’appliquer sa propre réglementation concernant l’étiquetage des produits venant des colonies. Vous comprenez, le traumatisme qu’une telle décision puisse avoir sur les survivants de la plus grande tragédie que l’humanité ait connue ! Non, l’Europe civilisée ne peut infliger aux descendants du peuple élu un second holocauste de type commercial.
Venons-en à cette annexion ! Pourquoi tant de remous ? Soyons réalistes ! Cette annexion n’est que la suite logique de l’occupation et de la colonisation de la Cisjordanie. Je dirais même que le deal proposé par le président Trump n’est que la traduction juridique d’une situation de fait sur le terrain, imposée par les sionistes, acceptée implicitement par la communauté internationale et à laquelle l’Autorité palestinienne n’a jamais cessé de donner son aval.
Oui, hélas ! nous n’en serions pas là si Yasser Arafat et ses successeurs n’avaient pendant 27 ans joué sur cette illusion d’un « État » palestinien alors que les réalités implacables leur en démontraient jour après jour l’inanité.
L’Histoire est pleine de ces fourvoiements qui ont coûté cher aux peuples qui se sont laissé – volontairement ou inconsciemment  – abuser.
Qu’est-ce qui a pu pousser Yasser Arafat, après 3 décennies de résistance, à accepter un accord aussi inique, trompeur, vide de toute concession concrète de l’ennemi, et dans lequel il lui offre « généreusement » 60% de la Cisjordanie ? Avait-il oublié le machiavélisme de l’ennemi sioniste ? Et son racisme ? Et la brutalité de ses représailles ? Et le nettoyage ethnique qui se poursuit sous diverses formes ?
Avait-il conscience qu’en signant ces accords en 1993 il déroulait le tapis rouge de la légitimité internationale à un occupant au bout du rouleau ? Pour exemple, la Chine et l’Inde ont noué à cette occasion des relations diplomatiques avec un Israël devenu fréquentable.
Et quand bien même il se serait trompé à la signature, n’avait-il pas vu pendant 11 années, c’est long 11 années, la colonisation sioniste prendre possession de sa « patrie », la démembrer et l’étrangler, rendant utopique un « État » palestinien viable ?
Comment peut-on accepter des « négociations » de paix pendant 27 ans et encore on n’en voit pas l’issue ? Tous les conflits dans l‘Histoire se sont conclus en quelques semaines ou quelques mois.
C’est fou comme les dirigeants palestiniens se sont accrochés au droit international, aux principes de justice, aux textes juridiques et aux résolutions. C’est pathétique. Ça frise la stupidité, la lâcheté, en un mot la connerie.
Rappelez-vous ces images d’un Mahmoud Abbas reçu à Paris et à Berlin, caressé dans le sens du poil comme un bon caniche, à qui on promet une « solution à 2 États », et qui repart tout content avec un gros chèque !
Et pourtant, ils détenaient une espèce de bombe atomique contre leur ennemi sioniste. Laisser tomber les accords d’Oslo, abandonner la fiction d’une solution à deux États, rendre à Israël son vrai statut d’occupant et se battre pour l’égalité des droits comme en Afrique du Sud.
L’annexion me paraît anecdotique. C’est un non-événement. Y a-t-il eu un tremblement de terre après la légitimation de Jérusalem comme capitale sioniste ? L’annexion est déjà un fait accompli sur le terrain. Mais cette perspective permet à des gouvernements de se donner bonne conscience et à des manifestants de s’illusionner. Sur le terrain, il y a près de 750 000 colons, inclus la partie arabe de Jérusalem, dont six villes de plus de 50 000 habitants chacune. Dans la configuration actuelle des rapports de force, y a-t-il dans le monde un esprit lucide capable d’imaginer que les sionistes ramèneront seulement 10%, ou même 1%, en-deçà de la ligne verte ? Y a-t-il un utopiste chimérique capable de prédire que les sionistes renonceront à la Vallée du Jourdain ?
La seule perspective optimiste qui ressort de ce sombre tableau, à notre avis, c’est que les sionistes se croient tout permis, et ne s’arrêteront pas en si bon chemin. Le peuple palestinien de Cisjordanie doit encore payer le prix fort en humiliations et exactions et expropriations pour sa prétention à exister. Les sionistes devront un jour conquérir l’autre rive du Jourdain, celle qui appartient, provisoirement, à la Jordanie, et qui les a toujours fait saliver. Leur arrogance démentielle, qui aujourd’hui fait taire les gouvernements, suscite une résistance sourde et profonde au sein des populations. Leur racisme viscéral, voir leur loi sur l’État-nation du peuple juif, conduira un jour les peuples arabes à retrouver leur fierté et leur dignité.
La société sioniste est une société de malades qui se vide de ses forces vives et progressistes et qui glisse inexorablement vers l’intégrisme et le messianisme fascisants. C’est sur ces points qu’il faut taper.
Voici ce que disait l’ancien numéro 2 de tsahal, Yair Golan, considéré désormais comme fou dans son pays :
« S'il y a une chose qui me terrifie par rapport à la mémoire de la Shoah, c'est de voir les tendances atroces qui se sont développées en Europe en général, et en Allemagne en particulier, il y a 70, 80 et 90 ans, et de voir des indices de ces tendances ici, parmi nous »
L’idéologie sioniste est tournée vers la conquête et la domination à l’extérieur, et l’apartheid à l’intérieur. C’est une idéologie de guerre. C’est en tant que telle qu’il faut la combattre. Croire que l’on puisse envisager une coexistence pacifique basée sur le droit et la justice relève de l’illusion folle.