ANNEXION
EN PALESTINE : UN « SUSPENSE » INSOUTENABLE
Le
régime sioniste a infligé à la communauté internationale un
« suspense » qui l’a maintenue, et la maintient encore, dans un état
de folle incertitude. Allait-il appuyer sur le bouton de l’annexion de pans entiers
de ce qui reste de la Palestine ? Le monde entier attendait avec
appréhension, ce 1er juillet, le geste fatal d’un État voyou qui fait la nique à toutes les lois internationales
et contre qui il se sent totalement impuissant.
Pour
mémoire, la Russie, deuxième puissance mondiale, membre permanent du Conseil de
Sécurité, détentrice d’un droit de véto, s’est vu infliger des sanctions
économiques réelles pour avoir récupéré une région incontestablement russe
après un référendum favorable écrasant.
Netanyahou
a daigné reporter sa décision sans commentaire ni explication. Ce ne sont pas
les appels à la « modération » ou au « respect du droit
international » qui l’ont fait hésiter.
Il y
a d’une part le feu vert américain qui tarde. Le président Trump est quelque
part piégé. Son « deal du siècle » offrait bien à l’État sioniste les territoires promis à l’annexion, mais en
contrepartie d’un État de
Palestine, avec toutes les restrictions que l’on devine. Le banthoustan
palestinien (morcelé, réduit et encerclé) aura le titre d’un « État »,
dont les frontières, l’espace aérien, les ressources hydrauliques et le
commerce international seront sous le contrôle de son voisin et maître.
Netanyahou
rencontre d’autre part l’opposition farouche de la plupart des colons de
Cisjordanie, qui refusent toute idée d’un « État de Palestine ». En
dehors de la symbolique qui les fait flipper, ils n’admettent pas que des
colons juifs dans des colonies isolées ainsi que des sites cités dans la bible –
document fondamental attestant de leur présence millénaire – se retrouvent sous
une souveraineté palestinienne.
Les grandes voix habituelles
qui comptent dans le monde, dans une espèce de valse des hypocrites, se sont
émues de ce projet d’annexion, qui serait contraire aux principes fondamentaux
du droit international, et patati et patata. Comme si le régime sioniste en
était à sa première violation. Il a tout violé depuis 1948. La liste en serait
fastidieuse et écœurante. Mais il faut bien faire semblant.
D’ailleurs les
pays européens – Ah ! cette Europe qui détruit la Libye, sanctionne la
Russie, fait les gros yeux aux dirigeants populistes et se soumet à l’unilatéralisme
juridique de l’allié américain ! – ont laissé entendre qu’aucune sanction
ne sera envisagée contre le régime sioniste. Une Europe incapable d’appliquer
sa propre réglementation concernant l’étiquetage des produits venant des
colonies. Vous comprenez, le traumatisme qu’une telle décision puisse avoir sur
les survivants de la plus grande tragédie que l’humanité ait connue ! Non,
l’Europe civilisée ne peut infliger aux descendants du peuple élu un second
holocauste de type commercial.
Venons-en à cette
annexion ! Pourquoi tant de remous ? Soyons réalistes ! Cette
annexion n’est que la suite logique de l’occupation et de la colonisation de la
Cisjordanie. Je dirais même que le deal proposé par le président Trump n’est
que la traduction juridique d’une situation de fait sur le terrain, imposée par
les sionistes, acceptée implicitement par la communauté internationale et à
laquelle l’Autorité palestinienne n’a jamais cessé de donner son aval.
Oui, hélas !
nous n’en serions pas là si Yasser Arafat et ses successeurs n’avaient pendant
27 ans joué sur cette illusion d’un « État » palestinien alors que
les réalités implacables leur en démontraient jour après jour l’inanité.
L’Histoire est
pleine de ces fourvoiements qui ont coûté cher aux peuples qui se sont laissé –
volontairement ou inconsciemment –
abuser.
Qu’est-ce qui a pu
pousser Yasser Arafat, après 3 décennies de résistance, à accepter un accord
aussi inique, trompeur, vide de toute concession concrète de l’ennemi, et dans
lequel il lui offre « généreusement » 60% de la Cisjordanie ?
Avait-il oublié le machiavélisme de l’ennemi sioniste ? Et son racisme ?
Et la brutalité de ses représailles ? Et le nettoyage ethnique qui se
poursuit sous diverses formes ?
Avait-il
conscience qu’en signant ces accords en 1993 il déroulait le tapis rouge de la
légitimité internationale à un occupant au bout du rouleau ? Pour exemple,
la Chine et l’Inde ont noué à cette occasion des relations diplomatiques avec un
Israël devenu fréquentable.
Et quand bien
même il se serait trompé à la signature, n’avait-il pas vu pendant 11 années, c’est
long 11 années, la colonisation sioniste prendre possession de sa « patrie »,
la démembrer et l’étrangler, rendant utopique un « État » palestinien
viable ?
Comment peut-on
accepter des « négociations » de paix pendant 27 ans et encore on n’en
voit pas l’issue ? Tous les conflits dans l‘Histoire se sont conclus en
quelques semaines ou quelques mois.
C’est fou comme
les dirigeants palestiniens se sont accrochés au droit international, aux
principes de justice, aux textes juridiques et aux résolutions. C’est
pathétique. Ça frise la stupidité, la lâcheté, en un mot la connerie.
Rappelez-vous ces
images d’un Mahmoud Abbas reçu à Paris et à Berlin, caressé dans le sens du
poil comme un bon caniche, à qui on promet une « solution à 2 États »,
et qui repart tout content avec un gros chèque !
Et pourtant, ils détenaient
une espèce de bombe atomique contre leur ennemi sioniste. Laisser tomber les
accords d’Oslo, abandonner la fiction d’une solution à deux États, rendre à
Israël son vrai statut d’occupant et se battre pour l’égalité des droits comme
en Afrique du Sud.
L’annexion me
paraît anecdotique. C’est un non-événement. Y a-t-il eu un tremblement de terre
après la légitimation de Jérusalem comme capitale sioniste ? L’annexion
est déjà un fait accompli sur le terrain. Mais cette perspective permet à des
gouvernements de se donner bonne conscience et à des manifestants de s’illusionner.
Sur le terrain, il y a près de 750 000 colons, inclus la partie arabe de
Jérusalem, dont six villes de plus de 50 000 habitants chacune. Dans la configuration
actuelle des rapports de force, y a-t-il dans le monde un esprit lucide capable
d’imaginer que les sionistes ramèneront seulement 10%, ou même 1%, en-deçà de
la ligne verte ? Y a-t-il un utopiste chimérique capable de prédire que
les sionistes renonceront à la Vallée du Jourdain ?
La seule
perspective optimiste qui ressort de ce sombre tableau, à notre avis, c’est que
les sionistes se croient tout permis, et ne s’arrêteront pas en si bon chemin. Le
peuple palestinien de Cisjordanie doit encore payer le prix fort en
humiliations et exactions et expropriations pour sa prétention à exister. Les
sionistes devront un jour conquérir l’autre rive du Jourdain, celle qui
appartient, provisoirement, à la Jordanie, et qui les a toujours fait saliver. Leur
arrogance démentielle, qui aujourd’hui fait taire les gouvernements, suscite
une résistance sourde et profonde au sein des populations. Leur racisme
viscéral, voir leur loi sur l’État-nation du peuple juif, conduira un jour les
peuples arabes à retrouver leur fierté et leur dignité.
La société
sioniste est une société de malades qui se vide de ses forces vives et progressistes
et qui glisse inexorablement vers l’intégrisme et le messianisme fascisants. C’est
sur ces points qu’il faut taper.
Voici ce que disait
l’ancien numéro 2 de tsahal, Yair Golan, considéré désormais comme fou dans son
pays :
« S'il y a une chose qui me terrifie par rapport à la
mémoire de la Shoah, c'est de voir les tendances atroces qui se sont
développées en Europe en général, et en Allemagne en particulier, il y a 70, 80
et 90 ans, et de voir des indices de ces tendances ici, parmi nous »
L’idéologie sioniste est tournée vers la conquête et la
domination à l’extérieur, et l’apartheid à l’intérieur. C’est une idéologie de
guerre. C’est en tant que telle qu’il faut la combattre. Croire que l’on puisse
envisager une coexistence pacifique basée sur le droit et la justice relève de
l’illusion folle.
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