EXCLUSIF AFP - Abdallah II accuse Israël d'entraver le projet nucléaire de la Jordanie
12 septembre 2012 à 20:07
Le roi Abdallah II a accusé mercredi Israël d'entraver le programme d'énergie nucléaire de la Jordanie, et mis en garde contre une "fragmentation" de la Syrie et un débordement du conflit dans les pays voisins, dans une interview exclusive à l'AFP.
Le souverain hachémite, dont le pays cherche à développer l'énergie nucléaire pour satisfaire ses besoins intérieurs croissants en électricité, a affirmé qu'une "forte opposition au programme d'énergie nucléaire de la Jordanie provenait d'Israël".
Les deux pays sont liés par un traité de paix depuis 1994.
"Lorsque nous avons commencé à nous diriger vers l'énergie nucléaire à des fins pacifiques, nous avons approché plusieurs pays (...) pour qu'ils travaillent avec nous", a expliqué le souverain au Palais royal à Amman. "Mais nous avons rapidement saisi qu'Israël faisait pression sur ces pays pour entraver toute coopération avec nous".
"Une délégation jordanienne approche ainsi un partenaire potentiel, et une semaine plus tard, une délégation israélienne vient demander à nos interlocuteurs de ne pas soutenir l'offre jordanienne sur le nucléaire", a-t-il ajouté.
Israël, seule puissance nucléaire --officieuse-- de la région, a rejeté les critiques du roi, un haut responsable gouvernemental assurant que l'Etat hébreu "n'a jamais agi contre le programme jordanien".
"A chaque fois que nous avons été consultés sur ce projet, nous avons adopté une approche positive", a renchéri un autre responsable israélien.
La Jordanie, qui importe 95% de ses besoins en énergie, cherche à développer des alternatives au gaz égyptien qui couvre habituellement 80% de ses besoins pour produire de l'électricité, et dont l'approvisionnement a été plusieurs fois interrompu en raison d'attaques sur le gazoduc.
La Jordanie, dont le désert couvre 92% du territoire, souhaite utiliser l'énergie nucléaire notamment pour alimenter des usines de dessalement.
"L'énergie nucléaire sera le moyen le moins cher et le plus fiable de dessaler l'eau", a souligné le roi Abdallah II.
Il a expliqué qu'il faudrait environ 3,5 milliards de dinars (4,9 milliards de dollars) "pour une centrale qui représenterait un tiers de la capacité totale d'électricité produite en Jordanie aujourd'hui".
"Les attaques sur le gazoduc égyptien au cours des deux dernières années nous ont coûté déjà 2,8 milliards de dinars. Cela aurait payé au moins un réacteur".
Un consortium conduit par Areva et le japonais Mitsubishi est en compétition avec le russe Atomstroyexport pour construire la première centrale nucléaire jordanienne.
Une coentreprise du géant nucléaire français Areva, la JFUMC, a indiqué en juin avoir découvert plus de 20.000 tonnes d'uranium en Jordanie.
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