En quoi le
monde arabe s'est soumis à Israël?
(extrait d'une interview au quotidien Al-Masse)
En 1948, le
monde arabe était vent debout contre la partition de la Palestine et la
création d’un Etat juif, considéré alors comme un élément étranger,
inassimilable, incompatible avec l’idée d’une nation arabe homogène. Il ne
s’agissait pas de combattre les juifs en tant que tels. Tous les pays arabes de
l’époque avaient de fortes minorités juives qui vivaient plus ou moins en
harmonie et qui ne souhaitaient pas vivre dans en Etat juif.
Et malgré leur
faiblesse économique et militaire due à leur indépendance très récente, les
Etats arabes se sont lancés dans un conflit dont ils n’avaient pas mesuré
l’ampleur et la capacité de l’ennemi. Malgré cette première défaite, les Etats
arabes ont formé la Ligue arabe avec pour objectif la libération de la
Palestine. Ils avaient alors établi une liste de toutes les Compagnies qui
travaillaient avec Israël pour les boycotter. A l’époque on ne disait même pas
Israël mais « l’entité sioniste ».
Quelques
guerres plus tard, non seulement le fait accompli sioniste n’est plus remis en
cause, c’est-à-dire le partage de 1948, mais même les conquêtes territoriales
de 1967 sont implicitement acceptées. Si on excepte quelques rodomontades verbales
dont les Arabes sont friands. Prenez Al-Qods ! Après la guerre de 1967 et
les premières annexions israéliennes, le monde arabe et musulman a créé une
organisation pour défendre la Jérusalem arabe. Résultat ? 250 000
colons juifs s’y sont installées. Des juifs américains achètent à prix d’or
toute parcelle arabe pour la judaïser. Aucun millionnaire arabe n’a jamais osé
mettre du fric pour combattre la mainmise juive. Aucun pays arabe n’a jamais
osé ouvrir une ambassade à Ramallah et exiger l’application de la Convention de
Vienne sur le personnel diplomatique pour y entrer et sortir librement avec le
bagage diplomatique. Aucun régime arabe n’a jamais tenté de briser le blocus de
Gaza, sauf la Turquie.
La Ligue arabe
s’est humiliée à offrir une paix totale à Israël en 2002 en échange d’un retour
aux frontières de juin 1967, ce qui avait suscité les ricanements d’un Ariel
Sharon plus conquérant que jamais. Ce qui reste de la Palestine est
inexorablement grignoté avec probablement le « lâche soulagement »
(formule utilisée après les accords de Munich de 1938) des régimes arabes qui
ne veulent plus en entendre parler. Que Mahmoud Abbas signe pour un Bantoustan
et tout le monde sera content.
Petit à petit,
le monde arabe normalise ses relations avec Israël en même temps que disparaît
la Palestine. Le régime sioniste est devenu le protecteur, le
« parrain », des monarchies du Golfe face à la « menace »
iranienne. Le monde arabe a accepté de jouer en « 2ème
division » par rapport à Israël. Sur les plans militaire, technologique,
économique, scientifique, informatique. Après la destruction de la centrale
nucléaire civile d’Irak, aucun autre pays arabe n’a osé relever le défi.
Et je finirai
par cette histoire. Au début des années 60, qui a vu le lancement de
l’industrie spatiale, le département de physique d’une université libanaise
s’est lancé de manière artisanale dans cette entreprise, en bricolant avec les
moyens du bord. Sauf que ils sont arrivés après plusieurs recherches à envoyer
une fusée pas loin de Chypre ; et ils envisageaient de mettre un petit
satellite dans la prochaine fusée. Mais « diverses pressions » les
ont amené à tout arrêter. Et c’est ainsi que prit fin une prometteuse industrie
spatiale arabe.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire