L’épine iranienne
Comme tous les pays
riches en pétrole, l’Iran a subi les pressions britanniques puis américaines
pour l’empêcher d’atteindre à son indépendance politique et technologique. Cela
a commencé dès 1906 comme raconté par le Musée de la Révolution à Ispahan. Cela
s’est poursuivi avec Mossadegh remplacé par le Shah en 1953 suite à un complot
de la CIA. L’Occident a fait les yeux doux à Saddam Hossein pour mener une
guerre meurtrière de plusieurs années contre son voisin iranien. En vain, et il
a payé de sa vie sa trahison et sa collaboration.
Depuis une vingtaine
d’années, le régime sioniste a mené une campagne d’intimidations, de
harcèlements, de manipulations, de pressions, pour amener l’Occident à demander
des comptes à l’Iran sur son prétendu programme nucléaire militaire. Campagne renforcée
de fausses déclarations attribuées aux dirigeants iraniens sur leur volonté de
« détruire » l’État juif comme s’ils ignoraient que
celui-ci dispose de quelque 200 têtes nucléaires prêtes à l’emploi. Et campagne
émaillée d’assassinats de scientifiques iraniens en Iran et à l’étranger, une
spécialité du Mossad sur laquelle les autres pays préfèrent fermer les yeux.
Le problème est que
l’Iran n’a pas plié. Contrairement à la quasi-totalité des pays arabes qui se
couchent ou se laissent manipuler ou cherchent une protection illusoire auprès
de leurs « amis » américano-sionistes, le régime iranien n’a en rien
cédé de sa souveraineté, de sa liberté, de son indépendance, de sa volonté
inébranlable de se développer et de développer ses moyens de défense notamment
les missiles, se disant même prêt à se défendre contre toute agression. Et si
cette agression n’eut pas lieu malgré les provocations hystériques
israéliennes, c’est que le morceau était dur à avaler.
Les 5 grandes
puissances + l’Allemagne ont fini par comprendre qu’il valait mieux chercher un
compromis, qui éloignerait la menace nucléaire et renforcerait une stabilité
régionale, mais dénoncé évidemment par le régime sioniste. On peut longuement
spéculer sur les raisons (état profond, électorat évangéliste, gestion
personnelle) qui ont poussé Trump à dénoncer l’accord. Pour notre plus grand
malheur. Car l’Amérique demeure cet Empire qui peut imposer à tous les pays de
se soumettre à l’embargo et au boycott qu’elle a unilatéralement décidés. L’hyper-puissance
numéro 1 dans toute sa splendeur. Dans le combat économique de titans qui
oppose les États-Unis et la Chine, l’Iran ne pèse pas lourd. De même pour
l’Inde et autres économies mondiales qui craignent l’unilatéralisme juridique
yankee. Le dossier iranien montre aussi que la Russie n’a pas repris la place
de l’URSS qui avait son mot à dire dans la région et contre les intérêts
fondamentaux de laquelle l’Amérique ne pouvait agir. L’Europe est paralysée par
son appartenance à l’OTAN et son soutien viscéral à la « sécurité »
d’Israël.
Le doigt sur la
gâchette, le couple américano-sioniste temporise depuis 20 ans. Israël et
surtout l’Amérique se sont déjà lancés dans des aventures militaires sans
considération pour le chaos organisé. On peut même dire que ces 2 pays ne
peuvent déposer les armes et chercher un modus vivendi pacifique avec le reste
de l’univers. Pour ne pas plonger dans la guerre civile pour le 1er,
à cause du lobby militaro-industriel pour la seconde. L’Iran est quasiment
l’ennemi idéal, transformé par la propagande en menace existentielle pour la
région et surtout pour le « petit » État juif menacé d’une nouvelle Shoah.
Mener contre lui une guerre aérienne ou par missiles – ils ne sont pas
suffisamment inconscients pour lancer des opérations terrestres – aurait pu
être envisagé malgré les pertes prévisibles, celles-ci constituant même un
motif de vengeance ou de stimulation auprès de leurs populations. Mais il y a
ce Détroit d’Ormuz qui pourrait être miné et toutes les installations
pétrolières des monarchies à portée de canon ! Et là ce serait la fin des
haricots pour l’économie mondiale.
Il semble peu probable
que l’Iran soit entraîné dans un conflit militaire d’envergure mais la
stratégie d’étranglement peut lui être sinon fatale du moins dommageable pour
sa stabilité et sa cohésion intérieures si elle se prolonge pendant quelques
années. Et on ne voit pas ce qui pourrait l’arrêter sauf une évolution politique
intérieure aux États-Unis ou une prise de conscience
de quelques pays importants qui se sentiraient menacés à long terme en laissant
l’impérialiste américain dicter sa volonté au reste du monde.
Jacob Cohen
14 juillet 2019